« Je n’ai pas eu le temps d’y penser, c’est arrivé ! », ces mots prononcés par la chanteuse du groupe Siouxsie and the Banshees lors d’une interview en 1977, inspirent à Jérôme Brabant une nouvelle création. De l’exigence formelle aux rivages de l’anarchie punk, la pièce explore la notion d’héritage en danse, dans une traversée exubérante qui s’étend de la fin des années 70 à l’arrivée de la techno.

« A partir d’une technique rigoureuse, comment créer du désordre ? » s’interroge le chorégraphe qui se réfère à Karole Ermitage, spécialiste des mélanges explosifs mais aussi à toute une génération de chorégraphes, de Michael Clark à Régine Chopinot, qui ont été témoins de la vague punk. Dans cette recherche, la danse se fait tumulte, tourbillon désarticulé. Parfois au contraire, elle dessine des mouvements tranchés et structurés. Jouant de la déconstruction des appuis, Jérôme Brabant cultive l’art du mixage et du contraste, non sans humour et fantaisie. L’empreinte classique, la grammaire moderne et un vocabulaire actuel s’imbriquent, initiant un langage commun qui, dans l’instant, est déjà l’objet d’autres lignes de force et d’expériences.

Les cinq interprètes, à la personnalité bien affirmée, se lancent à corps perdu dans cette danse à la gestuelle insatiable, soutenue par la musique électro et les acrobaties vocales de Gustine. Cette création affiche ainsi une identité mouvante qui se manifeste joyeusement, dans un maelström de gestes à l’énergie débordante.

Anne De La Giraudière